Meurtriers sans visage, d’Henning Mankell

Dans une ferme isolée de Suède, un couple de paysans retraités est sauvagement assassiné. Avant de mourir, la vieille femme murmure un mot : « étranger ». Il n’en faut pas plus pour qu’une vague de violence se déclenche contre les demandeurs d’asile d’un camp de réfugiés de la région. L’inspecteur Wallander va devoir agir vite, sans tomber dans le piège de la xénophobie ambiante qui brouille les pistes…


Quel mois de décembre généreux en découvertes ! Grâce au challenge de lecture de Cryssilda, Décembre nordique, je saisis cette opportunité pour sortir de ma bibliothèque des romans qui attendent depuis trèèèès longtemps d’être lus. Et celui-ci, aussi incroyable que cela puisse paraître, en faisait partie. Du Suédois Henning Mankell, je n’avais pas encore lu aucun roman de la série de l’inspecteur Wallander.

Comme dans tout polar nordique, tout se lance en quelques pages, nous découvrons en même temps qu’un homme âgé les corps sans vie des deux voisins, un couple de retraités connus comme sans problème. Un double meurtre horrible et sans explication, dont l’inspecteur Wallander est en charge, durant l’absence de son supérieur en congés.  Il faudra explorer chaque piste, le rie négliger, pour tenter de trouver une explication rationnelle à ce crime, alors que l’opinion se déchaîne en évoquant la responsabilité de réfugiés étrangers vivant dans des camps à proximité.

Un climat très actuel

En lisant Sable mouvant, fragments de ma vie, le livre-testament d’Henning Mankell sorti quelques temps avant son décès, j’avais découvert un homme tourmenté par les questions du monde d’aujourd’hui : l’environnement, la place de l’humain dans le monde, l’intérêt pour l’actualité…

Je me suis rendue compte, à la lecture de ce premier tome de la série Wallander, que ces questions ont manifestement leur place également dans son oeuvre de fiction. Notamment ici, avec un sujet qui est toujours au cœur de l’actualité politique de la Suède aujourd’hui : les vagues migratoires et la place des réfugiés dans la société suédoise. Rappelons-nous que le pays a subi une forte hausse de l’extrême-droite, cette année, à la suite de l’accueil de nombreux réfugiés sur le territoire suédois en un temps très court. Et je me rends compte avec ce livre que cette question a déjà suscité des interrogations, au début des années 1990.

Henning Mankell fait bien plus qu’écrire simplement un polar avec un crime, une enquête et la résolution d’une énigme. Au travers de son personnage principal, Kurt Wallander, ce sont les interrogations d’un homme dépassé par l’évolution de son monde. Un homme qui doit réagir sans tenir compte de l’émoi, de la colère de personnes qui rejettent la faute sur des réfugiés parqués dans différents camps autour d’Ystad, en Scanie.

J’ai dévoré ce premier tome jusqu’à temps de découvrir la résolution de cette sombre enquête. J’ai aimé cette première rencontre avec Kurt Wallander, un policier qui vit avec ses failles, qui doit combiner ses problèmes personnels (séparation avec sa femme, son père qui devient sénile…), tout en gardant la tête froide face à la gronde des médias et de la population. Une chouette lecture, qui ne devrait pas tarder à être suivie par celle du second tome de la série, Les chiens de Riga.

Meurtriers sans visage, de Henning Mankell
Éditions Points, 384 pages, 7,80 euros

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